Os et cris, 2022, 162 x 114 cm
Au premier regard, à cette pesée abrupte qu'une œuvre toujours adresse, quand elle puise à l'essentiel, nous avons reconnu dans la peinture d'Annie Barrat ce " secret de préexistence " que l'art réveillerait, comme un cri inarticulé, dans les puissances dormantes du monde. (1)
Nous nous sommes saisis en ces champs fébriles de matières de substances de lueurs de prégnances qui bruissent, qui battent
- l'âpre gravité de l'indistinct.
Nous nous sommes pris aux emblèmes, aux signes qui y sont sertis
- à l'aimantation légère qui les délivre, purement.
Nous nous sommes confondus : là, dans l’imminence, comme devant toutes choses, nous étions ouverts à la teneur de cette provenance muette, de ce cœur recru et sillonné qui, indéfiniment, dispense dérobe ensevelit attribue, rassemble.
Oui, la peinture d'Annie Barrat révèle et accomplit la densité palpitante de " phusis " de l'espace maculé, du temps miraculeux (si vif et si lent) où se gravent et gravitent toutes apparitions, où s'abîment et s'abritent toutes disparitions.
Ainsi, accédons-nous, avec elles, au règne de la profondeur.
(1) M. Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit.
Didier MONTAGNÉ, octobre 1988